De cape et de crocs

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De cape et de crocsThéâtre et société au XVIIe siècle

Quai des Bulles et les Archives départementales de Rennes se penchent ensemble sur l’histoire du théâtre en Ille et Vilaine, du XVII^e siècle à nos jours… Grâce à des archives très disertes sur le sujet, on y voit comment le théâtre, petit à petit, s’est « incrusté » dans la société avant d’y devenir indispensable. L’exposition se greffe autour du travail de Masbou et Ayroles dans le tome 10 de leur série De Cape et de Crocs. Des pages magnifiques aux couleurs somptueuses, les originaux sont d’une telle virtuosité que l’on peut rester devant  chaque page aussi longtemps que devant un Géricault. Une maîtrise bluffante des ombres et lumières, des tons éclatants et lumineux… Impossible de ne pas se laisser envoûter par cette ambiance singulière.

En parallèle de ce voyage dans la bande dessinée, toute une série d’archives vient nous replonger dans le réel. Le réel d’une époque antérieure, riche d’évènements passionnants, parfois surprenants, chargée d’histoires, d’anecdotes et de découvertes, au cours de ce long périple dans le temps. Costumes, chapeaux à plumes, objets de théâtre, extraits de pièces et, pour se fondre encore plus profondément dans cette atmosphère chaleureuse, trois immenses fresques réalisées par Julie Wallois, une artiste peintre cancalaise. Un travail remarquable dans lequel se sont discrètement glissés trois écrans, trois vidéos où vers et alexandrins fusent entre des comédiens captivants.

Et puis soudain, au fil de la visite, au bas d’une lettre manuscrite, la signature de Molière lui-même qui  figure. Une écriture nerveuse, légèrement penchée, élégante et subtile… Aucun doute, le Maître absolu du théâtre est bien passé en Ille-et-Vilaine pour y faire connaître son art. Celui dont toutes les pièces sont aujourd’hui reprises régulièrement, celui qui a su figer dans son verbe la conscience universelle de l’âme humaine, celui qui a tout simplement su donner la parole aux gens, tous les gens, qu’ils soient du peuple, de la bourgeoisie ou de l’aristocratie. Cet homme exceptionnel est bel et bien venu pour laisser le souffle de ses vers dans nos villes et campagnes.

D’ailleurs, en s’abandonnant aux couleurs de Masbou et aux fresques de Julie Wallois, on ressent parfaitement ce souffle ; celui de l’esprit de Molière qui rôde dans cette exposition très originale…

Gérard Cousseau